Méthodes ancestrales au goût du jour

(Voir la version Anglaise)Certaines techniques de bijouterie joaillerie sont quasiment en voie de disparition. Pourtant, elles possèdent des avantages à ne pas oublier.
Pour la réalisation de pièces purement massives, les artisans bijoutiers ont appris jusque dans les années 70 àfaire des moulages avec l'os de seiche. l s'agit d'un procé déartisanal dont le savoir-faire a été préservé par José ACTIS, artisan bijoutier à Saint-Jean-Cap-Ferrat. José nous a chaleureusement accueilli dans son atelier ce mois-ci, nous allons donc vous faire partager ici cette technique non perdue pour tous !
L'os de seiche et ses avantages
La seiche est un mollusque qui dispose d'un système de flottabilité interne nommé couramment ‘os’. Cette matière très poreuse et riche en air est composée d'aragonite (carbonate de calcium) et d'oligo- éléments utilisés, entre autre, pour l'alimentation des oiseaux. L'os de seiche, blanc et de forme oblongue, est en fait une coquille interne qui permet àce décapode (mollusque à10 bras) d'économiser naturellement son énergie lors de ses déplacements en fonds marins.
C'est un don de la nature pour le bijoutier joaillier qui pourra l'utiliser comme moule après y avoir poséune empreinte, pour y couler des alliages d'or ou d'argent titrés. Il s'agit d'une technique ancestrale restant très accessible pour qui veut bien y consacrer du temps.

L'os de seiche est léger, facile àtravailler et ne présente aucune toxicitéou pollution. En outre, lors de la coulée du métal, il n'y a quasiment aucun dégagement de fumée et il suffit d'avoir son matériel de base en bijouterie-joaillerie pour réaliser des pièces massives d'un seul tenant, sans soudure, telle qu'une chevalière ou une petite forme désirée.
Enfin, sa faible valeur marchande et sa grande disponibilitétout au long de l'année en font un outil de premier choix pour des créations destinées àune clientèle exigeante en délais et qui apprécie particulièrement le travail artisanal. Il est donc, en outre, possible de s'affranchir des délais de livraisons inhérents aux contraintes des techniques industrielles (aujourd'hui, la forme de base est simplement portée chez le fondeur).
Contraintes

José souligne qu'il faut rester attentif aux choix des tailles et épaisseurs des os de seiche avant toute exécution. Il nous précise que certaines matrices peuvent particulièrement présenter de nombreuses striations internes structurelles dont il faudra tenir compte en amont de son travail. Cette photo ci-contre (photo 2) nous présente les détails de ces stries imprégnées dans une pièce coulée qu'il faudra limer.
Mode Préparatoire

Après avoir choisi un os de seiche de bonne taille pour la forme àmouler (photo 1), on utilise le bocfil pour le diviser en deux et en éliminer les extrémités plus friables (photos 3).
Les deux parties sont ajustées l'une à l'autre àl'aide du bocfil et de la lime (photo 4) puis frottées l'une contre l'autre sur le côtétendre afin d'obtenir une surface de contact parfaitement lisse et homogène en grains. L'étanchéitédu moule s'en trouve améliorée.
Le modèle de base préalablement réaliséen bois, plomb ou cire est alors poséen empreinte sur la moitiéde son épaisseur dans une des deux moitiés du moule (photo 5). La 2ème moitiéest àprésent soigneusement serrée contre la première sur son autre demi épaisseur (photos 6).
Des repères préalablement tracés àla lime et au bocfil garantiront la bonne correspondance des négatifs entre eux.
La forme àcouler est àprésent inscrite dans le moule. José désolidarise les deux parties pour en extraire la maquette de base dont l'empreinte doit être parfaite. Un culot (trou de coulée) par lequel le précieux métal liquide viendra s'engouffrer avant d'envahir l'espace du moule disponible est délicatement façonnédans chacune des parties du moule (photo 7) avant que ces dernières ne soit fermement liées l'une à l'autre à l'aide d'un fil de fer (photo 8 ).
La chasse aux bulles d'air

Le moule est fini et prêt à être utilisé(photo 9). José choisi le précieux métal avec lequel il va réaliser sa chevalière. Trois points sont àsouligner :
- On multiplie par 2 le poids du métal àcouler pour une chevalière en argent et par 2,5 le poids pour une chevalière en or.
- La taille de la chevalière finie sera d'environ 1/10ème inférieure par rapport àla maquette de base, le métal coulése rétractant lors de son passage à l'état solide.
- L'or palladiéqui remplace aujourd'hui le nickel ne donne pas, quant àlui, d'aussi bons résultats avec cette technique que ne le faisait l'alliage au nickel.
La coulée du métal (photo 10)
Arrive àprésent la délicate opération, àmain levée, de la coulée de l'or dans le moule. Le métal est fondu au chalumeau oxhydrique dans un creuset réfractaire. C'est l'instant le plus beau et le plus fort du travail. L'os de seiche semble soudainement extrêmement fragile face àla force vive qu'exprime l'or portéàune température de fusion de plus de 1000oC. José reste concentré. La main sûre, il verse d'un seul tenant et très rapidement l'or dans le moule. L'opération est un succès, José va nous offrir une deuxième version, cette fois avec l'argent.
Se succèdent une nouvelle fois les différentes étapes décrites précédemment. Les photos 12 & 13 illustrent l'aspect du second moule àson ouverture, une fois l'argent titrécouléet refroidi pour le plaisir de vivre encore une fois ces instants de magie... que nous seul nous offre le savoir-faire artisanal.
Conclusion
La coulée du métal dans le moule est l'opération la plus délicate et doit se dérouler rapidement. Chaque bulle d'air emprisonnée dans le moule génère une carence de matière qui rappelle la forme de la bulle emprisonnée et se solde par des trous, donc un moulage àrefaire.
Lorsque l'opération est réussie, l'objet extrait demande une parfaite finition. La forme du trou de coulée est détachée du corps, la chevalière travaillée de l'intérieur du corps de bague à l'extérieur àla lime puis au cabron avant d'être délicatement polie. L'os de seiche, lui, sera inutilisable pour toute autre opération. ‘Un os, une coulée!’ nous dit José.

Author
- Caroline Mergalet FGA
- Expert Indépendant
- Villefranche Sur Mer, France
- Gem' Expertise
Topics
- Manufacture (primary)
- Jewellery
Intended Audience
- Consumers (primary)
- Students
- Appraisers / Valuers
- Academics
Content
- June 2020
- 5 mins reading time
- Dale-Chall readability level:
Easily understood by an average College Student - 7 mins speaking time
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